« Black Runner  » a été publiée pour la première fois par KALEà DON en 1994.
EXTRAIT :
1985. Le 29 mars. Simplement, il pleut. Une pluie fine et grise qui marquera le macadam de traînées maussades. Quelques mots griffonnés hâtivement sur un agenda vert : « Philippe revient. R.V. 20 heures à l’OBERSTURM - Saint Paul  ». C’est ... Il y a neuf ans. Il pleut toujours. Comme une pluie qui ne cesse pas. Il pleut souvent maintenant. Parce qu’il n’y a pas de raison pour que la pluie cesse. Philippe Stern vient de passer trois mois à Moscou, trois mois à restaurer des icônes au Trétiakov Muséum. C’était un présent. Un vieux présent de neuf ans et aujourd’hui c’est comme hier. Le temps n’est plus rien, distendu, avec de gros trous où surnagent, essoufflés, quelques souvenirs, moments, instants de vie. J’écris ces lignes et je ne les écris pas. J’ai perdu un ami avec ces putains de drôles de machines qui transportent de futurs cadavres, et je dois introduire cette rétrospective le plus simplement, avec l’histoire du BLACK RUNNER, collage qui vous ouvre à l’univers de Philippe Stern. Vous le voyez ici, devant, droit devant, avec sa signature triple et intrigante. Je ne réalise pas encore le décès de mon ami. C’est trop compliqué. Nous sommes le 29 Mars 1985 et je suis même heureux. Je l’attends devant ce restaurant où nous avons nos habitudes. Choux farcis à la polonaises et vodka russe. Retrouvailles, histoires idiotes, dernières nouvelles de notre petit monde où tout un chacun a du talent ...
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