KYRIEPar Philippe Milbergue |
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« Kyrie  » est le second mouvement du « REQUIEM  » commencé avec « Introït  ». Ce texte est inédit.
EXTRAIT :
Carnie ne danse jamais le mardi ...
Alviro prit à droite pour rentrer chez lui, là où le soleil ne tourne pas quelle que soit l’heure, là où l’on rentre dans une zone où il vaut mieux allumer ses phares, même en plein jour. Une fois de plus, il n’avait pas dormi - à quoi bon ?
Il alluma un cigare et la flamme du briquet dansait, presque à contre-rythme, dessinant des ombres chaudes sur la paume de sa main, comme le corps de Carnie qui danse, sous la poursuite de lumière. Il joua un instant avec l’idée d’avoir cette femme à sa main, au creux de sa main, comme une ombre chaude de flammes, puis éteignit le briquet. Elle était hors de lui, hors de ce qu’il pouvait offrir. Elle était dans un ailleurs où rien, rien ne pouvait l’atteindre. Elle avait fermé les yeux de la vie ; ce qu’elle regardait n’avait ni nom, ni passé, plus de futur. Il s’appelait Manu et Alviro le savait, Carnie ne pourrait pas décoller sa peau comme ça. Il lui faudrait des milliers de nuits sans sommeil, quelques gouttes de sel s’écoulant de profil… Il attendait, il attendrait que l’éphémère se brà »le, puis un autre, un autre encore, - combien pourrait-il attendre ? - qu’elle s’assagisse ou le surprenne. Il n’en dormait plus - à quoi bon ?
