« La Zia  » est extrait du cycle « L’ARTE DELLA LUNA  ». Ce texte est inédit.
EXTRAIT :
Maintenant, elle ne tourne pas la tête pour nous regarder manger. Et nous mangeons sans la regarder. Mais c’est tout du semblant. Elle sait que nous sommes là . Nous savons qu’elle est ailleurs mais qu’elle peut revenir n’importe quand ! Comme ça ! D’un simple murmure qui la sortirait de la torpeur… Comment peut-on savoir si elle n’a pas des yeux ailleurs ? Si elle ne nous voit pas autrement ? Avec d’autres sens ? Je la vois bien, moi, sans me retourner. Je la vois dans le dos, depuis le temps qu’elle s’y tient. Elle est toujours dans mon dos. C’est la mère qui m’a placé là . Elle est à côté. Il n’y a personne en face de moi. En face d’elle. Elle est dans son coin. Le plus souvent allongé sur le lit que la mère a dressé près du poêle. Elle n’a pas besoin de bouger. La chaleur est près d’elle. La chaleur lui fait du bien. Le docteur l’a dit aussi. Cela ne mange pas de pain. Il aurait pu dire n’importe quoi. Il aurait pu la faire dormir n’importe où, il a la confiance de la mère. Quand il parle, c’est comme si Dieu avait parlé. Et la mère de regarder le crucifix pour confirmer la parole du père par la souffrance du fils…
![]() |