Ce texte est le dernier du cycle des treize nouvelles, ou contes, ou histoires, que Moha écrivit, dans les années ’90, sur la treizième tribu des Touaregs : les Halamins.
L’histoire des Halamins se confond avec l’histoire de l’humanité. Moha utilise la parabole fantastique pour nous parler de nous. Au fil des textes, il chercha le sens de notre monde – nous étions alors en pleine guerre du golf –, les raisons d’espérer malgré le fanatisme, l’appât du gain, du pouvoir, l’hypocrisie, la haine de nos frères qui nous entourent.
C’est une parole de femme qui transmet, ici cette paix que nous devrions tous avoir, puisque nous sommes nés, puisque nous vivons et qu’il n’y a pas de plus grand mystère que celui-ci. Une parole de vieille (comme ailleurs la parole d’un frère, d’une mère, d’une fille, …) pour tisser le lien, serrer les vingt-six nÅ“uds «  du carré de nos mémoires  ».
Les Halamins ont-ils vraiment existé ? Sommes-nous tous descendants, quelque part, de cette treizième tribu qui croit en l’homme ? Je le crois. Ou, du moins, sans naïveté, je crois, avec Moha, que nous avons tous en nous cette treizième part d’humanité qui, pour reprendre les mots consacrés, font que
Le rêve de l’homme crée plus que sa foi.
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«  Les cent tribus  » a été publiée pour la première fois par la revue ALETHES en 1992 puis repris par la revue ECRITURE en 1995.
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EXTRAITÂ :
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Prends, maintenant ! L’eau est encore vive, je l’ai tirée ce matin. Elle était claire, tu sais, avec des vaguelettes jusque sur le poing. Elle roulait, je te dis, comme les dunes avancent parfois et j’ai eu du mal à l’emprisonner. Tu peux boire. Tu es hors les interdits aujourd’hui. Il n’y a pas de lever ou de coucher de soleil qui tienne pour toi. Tu as tous les droits. Moi j’attendrai. Bois pour moi. Elle est douce dans la gorge comme le miel de nos thés lorsque le miel des abeilles nous fait défaut. De toutes les eaux vives elle est la plus pure ; elle s’appelle : «  apaisement de la soif  ». Un joli nom, ne trouves-tu pas ? Quand j’étais une enfant comme toi, j’aimais à la boire tandis que ma mère vannait la semoule sur le toit. Il y avait de l’ombre chez moi, beaucoup d’ombre. Tu veux que je te dise ? Je me cachais au plus noir de l’ombre et je disparaissais de la vie quand j’avais trop soif, comme toi, que je ne voulais pas rompre le jeun.
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