1948. dix-huit hommes et femmes de bonnes volontés rédigèrent la Déclaration Universelle des droits de l’homme sous la houlette d’Eléonore Roosevelt. Ils venaient d’horizons divers, tant géographiques que politiques ou religieux et prenaient le relais, finalisaient deux ans de travaux.
Inspiré de la déclaration des droits de l’homme de 1789, il était logique qu’un français soit à l’origine de la première mouture du texte. Cet homme, René Cassin, avait déjà rédigé les statuts de la France libre, participé à la création de l’E.N.A., présidé à sa destinée pendant près de quinze ans, plaidé pour l’installation de l’UNESCO à Paris, présidé la cours européenne des droits de l’homme et sera jusqu’à sa mort, le président de l’Alliance Israélite Universelle. Un sacré pedigree pour un homme qui n’eut qu’une seule vie ! Un drôle de parcours pour ce fils de commerçant, dernier prix Nobel de la paix français !
Pourquoi je vous raconte tout cela ?
Si j’étais cynique, je dirais qu’après soixante ans, les droits de l’homme sont toujours bafoués en Chine alors qu’elle a été l’une des premières nations à la ratifier et qu’elle était représentée dans le groupe des dix-huit rédacteurs.
Si j’étais cynique, je dirais « et alors ? Cela n’a pas empêché les génocides, les enfants soldats, les déportations, les enfermements arbitraires, les tortures, le Chili, le San Salvador, le Tibet, le Franquisme, la Sierra Leone, les Colonels, l’Iran, l’Irak, Guantanamo, l’O.A.S., le Printemps de Prague, les Goulags, l’injection létale, la République Démocratique du Congo, les camps du Darfour, les dégradations de sépultures, les bidonvilles et les morts de Vincennes et Guantanamo…  » La liste est trop longue, vraiment trop longue…
Mais je ne suis pas cynique. La déclaration de 1789 n’a pas empêché la terreur de 93, la déclaration des droits de l’enfant n’a pas empêché l’exploitation et l’esclavage. Une déclaration est un principe, une valeur éthique, un fondement social. Il y a soixante ans, des hommes et des femmes, alors que le monde sortait à peine d’une guerre mondiale par le largage des bombes de Nagasaki et d’Hiroshima, des hommes et des femmes décidèrent d’œuvrer à la fin de la terreur atomique, la terreur de la guerre froide, la terreur des nations contre les individus.
Qu’il faille du temps ? Oui. Mais combien de temps a-t-il fallu pour arriver à ce moment de démocratie ou dix-huit hommes et femmes, d’horizons divers, de religions différentes, d’opinions politiques vraiment, parfois, opposées décident de travailler ensemble à la rédaction d’un texte qui, dans son préambule, pose en axiome la dignité de l’homme dans toute son acceptation, sa liberté de parole et de culte, son droit à la justice, à l’éducation… Et qui stigmatise l’ignorance et le mépris de l’autre comme fondement des terreurs.
Alors oui ! Il faudra du temps. Soyons Utopistes & Humanistes, puisque je ne sais pas être autre qu’un homme parmi les hommes…
PRÉAMBULE DE LA DÉCLARATION UNIVERSELLE
DES DROITS DE L’HOMME
Considérant que la reconnaissance de la dignité inhérente à tous les membres de la famille humaine et de leurs droits égaux et inaliénables constitue le fondement de la liberté, de la justice et de la paix dans le monde.
Considérant que la méconnaissance et le mépris des droits de l’homme ont conduit à des actes de barbarie qui révoltent la conscience de l’humanité et que l’avènement d’un monde où les êtres humains seront libres de parler et de croire, libérés de la terreur et de la misère, a été proclamé comme la plus haute aspiration de l’homme.
Considérant qu’il est essentiel que les droits de l’homme soient protégés par un régime de droit pour que l’homme ne soit pas contraint, en suprême recours, à la révolte contre la tyrannie et l’oppression.
Considérant qu’il est essentiel d’encourager le développement de relations amicales entre nations.
Considérant que dans la Charte les peuples des Nations Unies ont proclamé à nouveau leur foi dans les droits fondamentaux de l’homme, dans la dignité et la valeur de la personne humaine, dans l’égalité des droits des hommes et des femmes, et qu’ils se sont déclarés résolus à favoriser le progrès social et à instaurer de meilleures conditions de vie dans une liberté plus grande. Considérant que les Etats Membres se sont engagés à assurer, en coopération avec l’Organisation des Nations Unies, le respect universel et effectif des droits de l’homme et des libertés fondamentales.
Considérant qu’une conception commune de ces droits et libertés est de la plus haute importance pour remplir pleinement cet engagement.
L’Assemblée Générale proclame la présente Déclaration universelle des droits de l’homme comme l’idéal commun à atteindre par tous les peuples et toutes les nations afin que tous les individus et tous les organes de la société, ayant cette Déclaration constamment à l’esprit, s’efforcent, par l’enseignement et l’éducation, de développer le respect de ces droits et libertés et d’en assurer, par des mesures progressives d’ordre national et international, la reconnaissance et l’application universelles et effectives, tant parmi les populations des Etats Membres eux-mêmes que parmi celles des territoires placés sous leur juridiction.
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