logo Toled

La vie est belle !

Par Philippe Milbergue
[Blog]


Il y a des moments où vraiment je trouve que la vie est belle  ! Depuis plusieurs jours (que dis-je  ? quelques mois) l’actualité est rythmée de faits historiques sans précédent qui, sans doute, seront au programme de tous les bacheliers àvenir  ! Est-ce làle bug de l’an 2000  ? Tous nos savoirs, toutes nos certitudes sont mises cul par dessus tête  ! Làoù je croyais, après près de trente ans d’observation du monde, avoir compris quelque chose àla société qui m’entourait, le blanc, le noir, la gauche, la droite, l’humanitaire, le totalitaire, bref, tous les manichéismes quotidiens qui façonnent nos discours… je m’aperçois que je comprends que je ne comprends plus rien.
 
Les Etats Unis d’Amérique (je précise des fois que…), terre de relégation, patrie d’une constitution, issue des droits de l’homme, garantissant les droits de l’individu face aux dérives possibles d’un système étatique qui se voudrait trop coercitif, pays des contradictions qui abolit l’esclavage mais maintient la ségrégation pendant près d’un siècle, ont élu un biracial (parce que le concept même du métissage n’est culturellement pas étasunien d’Amérique – Tautologie  ? Pléonasme  ? Truisme  ? – …) qui veut renforcer la présence de l’état…
 
Les bourses mondiales yoyottent chaque jour et, mécaniquement, se stabiliseront vers le bas… jusqu’au jour où quelqu’un (mais qui  ?) enroulera ànouveau la ficelle du profit àl’axe de l’économie. Saviez-vous que le yoyo était une arme  ?
 
Aujourd’hui, ce petit jeu de va-et-vient entraîne quelques banques aux actifs pourris (ce n’est pas moi qui le dis) vers le bas mais… d’autres banques les achètent (comme quoi, on peut quand même faire des profits en temps de crise…), les états interviennent, la communauté internationale s’émeut … et l’on redécouvre le sens exact de la formule «  faire sauter la banque Â »  ! La question est de savoir qui jouait contre elles  ?
 
Du coup, les Cassandres (parce que j’ai mauvais esprit…) annoncent la moralisation du capitaliste et l’arrêt des parachutes dorés (juste quelques primes de fin d’année), les présidents de General Motors délaissent leurs jets privés et, comme des pénitents, viennent supplier les représentants du peuple étasunien de les secourir au nom du peuple qu’ils emploient. Oh  ! Etat providence  ! Viens au secours des pères fondateurs du fordisme pour qu’ils maintiennent la cohésion sociale, évitent la révolte – que dis-je  ? La révolution  ! – de ceux dont le pouvoir d’achat est resté au niveau de «  five dollars day Â »  ! Oui  ! Etat providence  ! Mutualise les impôts de tous pour soutenir l’exploitation des uns  ! Comme quoi  ! On peut être libéral et social àla fois… Tout dépend du sens de la longue marche…
 
Et en France  ? Le Parti Socialiste réserve son bail emphytéotique au Père La Chaise (àcôté du monument des morts de la commune – un reste fraternel du congrès de Tours).
Notre cher président prend des mesures sociales (voire socialistes) de soutien àl’économie par l’investissement (mais «  les caisses sont vides  ! Â » s’époumone Jean-Michel devant sa T.S.F.) et somme les banques de prêter aux P.M.E. un argent qu’elles n’ont pas mais que l’Etat garantit par un emprunt qu’il fera auprès des banques… (Oui, je sais, moi-même je n’y comprends plus rien… A mon avis, c’est de la délocalisation de prêt et, vu les sommes en jeu, je crois bien que seul les chinois ont les liquidités pour rentrer dans la partie…).
Les «  mal logés Â » portent plainte (merci Chirac  !) contre l’état qui pourrait être condamné àpayer une astreinte pour financer la construction de logement sociaux (comme quoi, il faut que la justice s’en mêle pour que l’état trouve des lignes budgétaires pour ceux qui ne profitent pas du bouclier fiscal…).
Ségolène est disponible (c’est plutôt bien comme réponse, mais quelle était la question  ?) mais exige (est-ce bien compatible  ?) pour refuser enfin la main tendue qui ne veut pas la nourrir.
Mélenchon, dans une homélie digne d’Emile Fabre, revient sur la scission de la SFIO et clame un «  nous sommes tous… Â » qui ressemble fort àun discours déjàentendu àBerlin.
Martine Aubry rêve d’un autre monde et tente de réveiller la conscience de classe afin de marquer sa différence àelle – sa préférence àmoi –. Elle constitue un Conseil National qui cède àla mode de la parité (la stricte parité parce que, évidemment, il n’y avait pas assez de femmes au PS pour qu’elles soient majoritaires…), de la minorité visible, de la mixité sociale, du lobbying et des alliances …
Et, pour abréger cette antienne (c’est ça la culture  !) TF1 incite ses téléspectateurs àse rendre aux élections prud’homales  ! Vu les résultats, je comprends que l’état supprime la pub sur les chaînes publiques… Il n’y a que cela qui marche dans le privé  !
 
Oui  ! La vie est belle  ! Nous sommes passé du noir au sombre, du blanc au gris, du rouge au sang des morts économiques, sociaux, humains… La justice condamne des O.N.G. pour des tentes plantées àmême le trottoir (dura lex sed lex) car Nicolas ne veut plus de pauvres dehors… La Chine (ou devrais-je dire «  l’empire du milieu Â »  ?) rappelle àl’ordre ses serviles clients… Et je ne vous parle pas des enfants soldats, des attentats religieux, des camps de réfugiés au Darfour (personne n’en parle plus, pourquoi le ferais-je  ?), de lot quotidien des nouvelles du monde qui, pour faire simple, m’entraîne àme demander parfois de quoi l’homme est fait…
 
Lao-tseu disait «  le bonheur est en tout. Il suffit de savoir l’extraire. Â » Je suis d’accord. Dans le principe, je suis d’accord. Mais connaissait-il la «  crise Â »  ?

fond