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CONTUMACE

Par Philippe Milbergue
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« Â Contumace  » est l’une de mes premières nouvelles. Le « Â passage  » de la poésie, de la dramaturgie àla prose n’était en rien évident pour moi. Il fallait que je change de position, que je devienne l’observateur du personnage et non plus l’acteur de la situation. Il fallait cependant que je garde une proximité me permettant de me mettre àla place de ce « Â Il  » que j’écrivais… Être en même temps « Â dedans  » et « Â dehors  ». Être cet « Â autre  » qui était « Â Je  » qui était « Â Il  »â€¦
 
J’ai écrit beaucoup de textes pour y arriver ; peu étaient aboutis… Au mieux, j’arrivais àde médiocres monologues intérieurs, au pire, c’était une soupe imbuvable pleine de procédés piqués de droite et de gauche…
 
« Â Contumace  » est l’un des premiers textes où la structure narrative me plaisait. Je veux dire ici qu’après l’avoir écrit, j’eu du plaisir àle lire, àle faire lire, àtenter de le faire publier.
 
J’avais, bien sà»r, comme tout le monde (ou presque), publié quelques poèmes ici & là… Il y avait tellement de revues qu’avec un peu de méthode, on pouvait être retenu, sélectionné. Cela ne mangeait pas de pain et ne rapportait pas grand-chose hors la joie de « Â l’imprimatur  » àcompte d’éditeur… Aujourd’hui, c’est encore plus facile : il suffit de créer son site, son blog, son « Â espace  » … (dois-je écrire lol ? ou MDR ?)
 
J’avais, donc, un petit « Â passif  » et beaucoup d’espérances. J’envoyais mon texte àdeux ou trois revues que je lisais alors, m’attendant àde promptes réponses …
 
J’appris ici le rythme de la vie littéraire et j’appris aussi que les revuistes sont passionnés, passionnants, àl’écoute de nos jeunes (plus si « Â jeunes  » que cela) talents. J’y ai aussi rencontré des hommes et des femmes qui, parfois, devinrent des ami(e)s… D’autres sont morts depuis ; je conserve leurs souvenirs …
 
Ces revues sont les creusets du verbe haut ! J’y ai trouvé des rythmes lus nulle part ailleurs ! Lisons les …
 
 « Â Contumace  » a été publiée pour la première fois dans la revue NOUVELLES-NOUVELLES par Daniel Zimmermann et Claude Pujade-Renaud en 1990. Depuis, elle est restée dans mon ordinateur …
 
EXTRAIT :
 
La douche, loin de l’assagir, l’obsède de sa pluie, de son bruit. L’eau, miracle de vie, s’écoule et s’enfuit, tourbillonne près de la bonde, glisse violente sur le rideau de la cabine. Il ne voit plus rien, ni la chambre, ni le jour. Il est au hammam et se purifie. Ses mains prennent la forme d’une coupe, pour boire, se laver l’intérieur, oublier les autres, leurs invisibles différences, purger le silence. Mais l’eau cingle, peine de mort, le noie contre la céramique usée. Il sort, sale encore du sable de ses pensées.

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